lundi 27 décembre 2010

TROUBLE DE LA PERSONNALITE NARCISSIQUE

TROUBLE DE LA PERSONNALITE NARCISSIQUE

Suite à mes 2 articles sur le narcissisme sain et pathologique, il semble bien que la définition du narcissisme aboutit au constat que le narcissisme est présent en chacun de nous, et structure notre personnalité.

Le narcissisme est donc présent chez toute personnalité, saine, névrotique ou psychotique.

L’étude de la pathologie mentale pourrait se faire par le biais de l’étude du narcissisme de chacune de ces maladies, d’autant plus que Freud, dans un premier temps parlait des névroses narcissiques pour décrire les psychoses

Une personne qui fonctionne avec un narcissisme sain c’est donc une personne qui arrive à s’estimer de façon positive, mais qui arrive à reconnaître ses failles, c'est-à-dire sa part d’ombre, sans la projeter sur l’autre.

Il ne suffit pas d’une bonne estime de soi à soi !!!!!Encore faut-il que cette estime de soi soit confirmée par son entourage, en premier lieu la mère quand on est enfant, puis le conjoint quand on entre dans une relation amoureuse.
L’estime de soi se construit donc, d’une part grâce au narcissisme, mais aussi, d’autre part, dans la relation à l’autre

Freud voit un lien entre le fait d’être aimé et l’estime de soi : « ne pas être aimé rabaisse le sentiment de soi, être aimé l’élève. » Mais être aimé suppose aussi d’accepter de perdre une partie de son indépendance.


Dans le dernier article sur le narcissisme, il a été dit que le narcissisme se construit par rapport à la relation primaire à la mère et qu’il peut être affecté de façon pathologique si ce narcissisme subit des carences affectives. Celles-ci seront à l’origine de failles plus ou moins importantes dans l’édification du narcissisme se traduisant par, soit, la névrose, la psychose, l’état limite, la perversion narcissique ou soit un simple trouble de la personnalité dont l’étude, aujourd’hui portera sur le trouble de la personnalité narcissique.


Le DSM-IV, le manuel de référence utilisé pour le diagnostic des divers troubles de comportements et maladies mentales décrit précisément le trouble de la personnalité narcissique. Son diagnostique repose au moins sur 5critères qui doivent tous être présent au long cours Je ne ferai pas la liste de tous ces critères mais je vais essayer de décrire cette personnalité.


Le narcissisme, l'amour de soi, est donc une composante de toute personnalité, mais la pathologie de la personnalité narcissique (qui peut être du genre masculin ou féminin), s’exprime par un sentiment d’être unique, tout puissant par le corps et l’esprit, se voulant indépendant, autonome mais dont les autres dépendent.


Elle a une idée très élevée de sa propre personne s'estimant quelqu'un de spécial par un sentiment grandiose de sa propre importance ou de son caractère exceptionnel, avec, par exemple une surestimation de ses capacités, ses réalisations.

Très centrée sur elle-même cette personne a constamment besoin d’être le centre d’attention des autres, de se mettre en avant par un besoin excessif d’admiration. Elle peut agir de façon théâtrale. (Le besoin d’admiration se retrouve aussi chez la personnalité hystérique).


Elle pense que tout lui est dû. S'estimant de quelqu'un de spécial, elle juge qu'on lui doit un traitement particulièrement favorable et ses désirs doivent être satisfaits.

D’ailleurs, très souvent, étant perfectionniste jusqu’aux bout des ongles, cette personne va développer un talent, particulier qui la distinguera des autres et qui lui permettra de se valoriser, de se mettre en avant. Le plus important, à ses yeux, c’est la performance. Est-ce le moyen d’être reconnue (de façon inconsciente) par la mère ?


D’autres caractéristiques coexistent tels que :
- L’égocentrisme constaté chez cette personne conduit alors à un manque d'empathie. Elle ne s'intéresse pas, ne reconnaît pas les sentiments et n’a pas conscience des besoins et désirs d'autrui. Le contact est aisé mais a besoin de reconnaissance, d’admiration et recherche des faveurs .Le narcissique sait exploiter l’autre dans ses relations interpersonnelles pour parvenir à ses fins et satisfaire à ses propres désirs en montrant un l’intérêt particulier à cet autre car il est ambitieux et a besoin de conquêtes

- L’envie.
Il est envieux envers les autres et pense que les autres l'envient. Il ne reconnaît pas cette envie Il projette son envie de la mère qui possède tout. Pour Mélanie Klein l’envie représente l’expression sadique orale du bébé dans la relation exclusive à la mère qui possède le sein nourricier dont l’impulsion étant.de le mordre, l’avarier, le détruire.

La jalousie, quant à elle, est proche de l’envie et s’y fonde en effet, s’il faut en croire Mélanie Klein. Pour moi l’envie se passe au niveau des objets, des choses que le sujet possède alors que la jalousie se passe au niveau de la relation entre deux personnes et concerne principalement la réussite de l’autre.

De même qu’il ne reconnaît pas son envie, il ne reconnaît pas son agressivité.

-Toute puissance du Moi
Il y a une idéalisation de toute puissance du Moi par une identification projective qui se traduit par une sorte de confusion entre lui-même (le Soi) et l’objet idéalisé.
C’est un mode de relation ou d’investissement d’objet narcissique qui a été décrit par Mélanie Klein comme une relation intrusive utilisée pour prendre possession de l’objet en projetant en lui concrètement des parties de son propre self à et exercer ainsi sur cet objet un contrôle omnipotent..
Cet objet est sous son contrôle tout puissant ; il représente une partie de lui sur le plan du fantasme .Est-ce par le moyen du mécanisme d’identification projective de parvenir à la satisfaction de l’envie ?

M. Klein explique cette identification par l’avidité du bébé dont le désir impulsif est de sucer, vider complètement le sein, jusqu’à le dévorer, le posséder, le faire sien.

- Peur d’être engagé dans une relation fusionnelle.
N’est pas demandeur d’amour mais d’admiration et d’attention car l’estime de soi ne se nourrit que du regard de l’autre. C’est la fusion par le contrôle.
Mais il y a une peur de l’engagement. L’investissement à l’autre, dans le lien d’amour implique une certaine dépendance et donc le sentiment d’une certaine faiblesse. La peur inconsciente d’être englouti dans une relation fusionnelle déjà vécue dans l’enfance avec l’emprise maternelle l’empêche de s’engager.
Je rappelle que ce sentiment de faiblesse ne peut être autorisé de part l’idéalisation de toute puissance du Moi.
Cependant le narcissique a besoin; que l’autre soit dépendant de lui, ou attaché à lui. Il doit donc jongler entre 2 attitudes contraires : la fusion et la mise à distance. Ceci est à rapprocher de l’angoisse d’abandon et de ne pas être vu, ainsi que de l’angoisse de fusion ou d’intrusion.
Est-ce que cette attitude a à voir avec l’attitude de la mère qui oscille entre un investissement narcissique fusionnel (qui va au-delà du lien symbiotique) et une froideur affective, se montrant insensible à la détresse de l’enfant ?
C’est avant tout un amour maternel conditionnel qu’elle offre à son enfant lequel doit se construire un faux self afin de répondre aux attentes narcissiques de sa mère et de recevoir en retour son amour.
La punition si l’enfant ne s’inscrit pas dans ce schéma sera le rejet avant tout.
Ses exigence, peuvent être, par exemple, d’être sans défaut, le meilleur, ne pas montrer de mauvaise humeur, ne pas s’opposer à son autorité, sa loi, ne pas l’offenser ; être stoïque sans exprimer son mécontentement, sa colère. Sinon la faute sera explorée en punissant l’enfant par un rejet, le refus de communiquer. Le lien est rompu et laisse l’enfant dans une angoisse de perte, de culpabilité, sans possibilité de réparation


La caractéristique majeure de la psychopathologie narcissique c’est l’identification projective de toute puissance.
Mais il y a aussi clivage entre le bon et le mauvais objet.
Et la personne idéalisée, dans un premier temps, sera redescendue de se son piédestal quand ses failles narcissiques seront mises à jour par cette personnalité narcissique après que celle-ci soit rassurée de sa dépendance pour elle.

Défenses perverses.
Si quelque chose de négatif lui arrive, il tend à en attribuer la responsabilité à l’autre et veut lui infliger sa douleur en le blessant. Cela lui permet de se sentir mieux aux dépend du bien-être de l’autre. On peut dire qu’il s’agit là d’une défense perverse. Il peut être arrogant et hautain, mais il est surtout intolérant à la critique (il ne peut accepter les reproches et a une certaine incapacité à prendre en compte les avis des autres, tout en étant hypersensible à ces mêmes avis)

Le narcissique utilise des défenses perverses lorsque celui-ci ressent des sentiments d’humiliation, de frustration, de rejet ou bien lorsqu’il existe une trop grande proximité avec l’autre.

Ces défenses perverses visent à mettre de la distance dans la relation, voire à détruire cette relation afin de résister à toute critique, de préserver la toute puissance fantasmatique de ses idéaux.
Défenses utilisées car se veut sans faille, lisse et sans défaut, afin de ne pas ressentir de sentiment de honte inscrit au plus profond de lui-même
.

Il se montre intransigeant. Ses armes de défense, voire de destruction seront la dévalorisation, la critique la colère, la supériorité, l’arrogance. L’indifférence, la froideur, le désintérêt, l’abandon émotionnel voir le mépris permettent de couper le dialogue, de tenir l’autre à distance, de nier l’attachement sans que le lien soit vraiment rompu en maintenant la relation par divers moyens. Cela est à rapprocher de l’attitude passive-agressive.

Pour se protéger il doit contrôler ce que les autres perçoivent de lui et leur comportement à son égard car il y a un sentiment d’inadaptation et de défectuosité personnelle et pense que les autres ne peuvent l’accepter.

Ces défenses perverses peuvent être utilisées par n’importe qui d’entre nous, de manière ponctuelle, dans des situations particulièrement stressantes. C'est ce qui se passe aussi pour la personnalité narcissique qui est une personnalité névrotique. Elles n’ont qu’un aspect défensif et provisoire et entraînent par la suite un sentiment de culpabilité.


EVOLUTION

Cependant derrière ce comportement se cache une profonde vulnérabilité avec déficit de l’estime de soi et sentiment de honte

Tout ceci montre une souffrance psychologique qui se traduit par des difficultés dans les relations interpersonnelles; une fragilité et une sensibilité aux ruptures avec auto-dévaluation et évolution fréquente vers la dépression ou l’anxiété.
La blessure narcissique devenant trop insupportable, la souffrance psychologique peut aussi prendre l’allure d’une dépression narcissique par une auto-dévalorisation, une inhibition, un retrait sur soi avec un sentiment de vide, sans ressentir d’émotion.


Si la relation devient trop conflictuelle, la conséquence ce sera la destruction de la relation par tout les moyens, à savoir que cette agressivité peut être retournée contre elle-même par l’autodestruction, le suicide afin de continuer à contrôler la tout puissance des idéaux de son Soi grandiose.


CONCLUSION


Cette description du trouble de la personnalité narcissique qui reste névrotique peut nous aider à mieux comprendre la perversion narcissique. Le Pervers narcissique n’a pu accéder au complexe d’Œdipe car la Loi du père est niée par le pervers narcissique. Il est la LOI, dans sa toute puissance ; ce n’est pas une névrose, c’est une psychose blanche.

Mais je vais terminer ici ma réflexion qui sera reprise dans un prochain article.

Je laisse à votre réflexion les propos d’André Green, auteur du livre « Narcissisme de vie, narcissisme de mort » : « Cette révélation qui mériterait une majuscule dévoile la structure narcissique : rapport oral, ambivalence, investissement narcissique propre à l’identification primaire »

mardi 14 décembre 2010

NARCISSISME PATHOLOGIQUE

Narcissisme secondaire pathologique

Au départ existe normalement une relation privilégiée, symbiotique entre la mère et son bébé.

La maman, emprunte d'admiration est séduite par son enfant, et séduit celui-ci Cette séduction qui est remplie d’amour est vitale car c’est à travers ce regard que l’enfant se voit, voit son image, et au-delà sa propre estime.
C'est une relation d'amour primaire originaire entre la mère et l'enfant et se termine normalement par le deuil originaire de cette relation fusionnelle qui s’inscrit dans le développement normal de l’enfant.et qui vise la différenciation, l’autonomie et la séparation afin que cette relation fusionnelle s’éloigne du narcissisme primaire pour devenir une relation d’objet..

Mais cette relation mutuelle peut devenir exclusive, à l'écart de toute autre personne et interférence ; ainsi le deuil originaire de la séparation qui conduit à la découverte de l’objet ne peut avoir lieu.. Elle devient alors pathologique ; l’enfant séduit narcissiquement est sous l’emprise omnipotente de sa mère

Racamier « Le génie des origines: » « Le désir qui chez la mère la pousse à séduire narcissiquement son enfant est que cet enfant reste une partie d’elle-même, physiquement et psychiquement et qu’à eux deux ils forment un organisme omnipotent défiant toute autre présence et toute autre loi, ainsi l’enfant narcissiquement séduit doit être comme s’il n’était pas né, en tout cas comme s’il n’avait pas été engendré : la représentation du père et du sexe du père est exclue »

C’est vivre le fantasme d’unisson et de toute puissance

Si le désir de la mère devient réalité, cette relation exclusive, narcissique devient pathologique et se répercute sur les futures relations de l’enfant devenu adulte. En effet, l’autre, c'est-à-dire le partenaire ne pourra exister en tant qu’objet séparé, mais sera englouti dans son psychisme, sans que cet autre puisse éprouver, inspirer et représenter du désir. Son statut est celui d’un « objet - non-objet ». Il n’existe plus en tant que qu’être humain de désirs et de besoins..

Nous constatons qu’un narcissisme primaire doit théoriquement s’acheminer vers l’acceptation de la différence, de l’altérité de l’autre afin d’acquérir estime de soi, autonomie et liberté de choix, c'est-à-dire avoir le choix de ses décisions.

La relation d’objet étant établie par le constat de l’existence de l’autre, cette relation d’objet peut subir des carences affectives, avec des traumatismes psychologiques divers qui seront à l’origine de failles plus ou moins importantes dans l’édification du narcissisme sain, c'est-à-dire de l’estime de soi et conduira la personne à régresser à un stade de fixation du développement de la personnalité qui est un point d’encrage mais aussi une position défensive et de repli lorsque le fonctionnement normal est entravé dans son développement.

Le narcissisme secondaire pathologique c’est donc le retrait de la libido aux objets avec retour secondaire d’investissement sur le moi. Au lieu de diriger son regard vers le monde extérieur, celui-ci est centré vers lui-même, son monde intérieur.

Ce narcissisme secondaire portera les marques du narcissisme primaire, infantile, peu apte à la réalité et aura avant tout un rôle défensif plus qu’une fonction de médiation entre son univers pulsionnel et la réalité extérieure.

Le narcissisme secondaire pathologique est le repli de la pulsion sur le moi. Ce repli caractérise la névrose narcissique dont le sens dans un premier temps désigne la psychose par Freud. Mais celui-ci revient sur ce point et propose de limiter le terme de névrose narcissique aux affections mélancoliques, afin de les distinguer tant de la névrose que de la psychose.




Narcissisme- structurel d’après A. Eiguer

D’après A. Eiguer le narcissisme structure le fonctionnement de la personnalité et se retrouve dans toute personnalité normale ou pathologique. C’est un mouvement considéré par Freud de nature évidemment narcissique et auto-érotique.

Cependant A. Eiguer dans « Le pervers narcissique et son complice », considère 3 narcissisme structurels différents qui sont : le narcissisme-cadre, le narcissisme de vie et enfin le narcissisme de mort.

Le narcissisme cadre

Le narcissisme cadre a pour fonction de contenir le moi, de délimiter le dedans et le dehors afin d’investir l’autre comme un objet distinct de soi.
Le narcissisme cadre englobe le sujet dans son unité corporel et psychique et permet la relation entre soi et l’autre en se désinvestissant de son narcissisme pour investir le narcissisme de l’autre par une certaine dose d’identification projectile qui cadre avec son propre narcissisme. « Il crée la confusion d’identités pour cerner la différence. Il postule l’anonymat pour faciliter la nomination de l’autre. »

Les formes pathologiques du narcissisme cadre sont, d’après A. Eiguer :
_la symbiose, par excès

- par défaut : la perversion narcissique, la skizoïdie, l’autisme, la toxicomanie et la psychopathie, dont l’absence provoque une incapacité de l’attachement.
« Le désinvestissement objectal laisse transparaître ici le vide. Pourtant il ne s’agit pas d’un vide vécu comme angoisse d’anéantissement, mais d’un vide sans représentation ni affect »( A. Eiguer°). Cela fait penser au vide structurel du Pervers Narcissique qu’il essaie de remplir par « l’appropriation imaginaire de l’espace psychique de l’autre. »

Le narcissisme de vie

Le narcissisme de vie dont la pulsion de vie pour A. Green permet l’investissement de soi, de ses idéaux, de l’estime de soi.
Il apparaît clair qu’un narcissisme de vie dont existe une inflation de l’investissement de l’estime de soi va déborder le Moi par excès et provoquer soit omnipotence, mégalomanie, caractère narcissique ou psychose.

Le narcissisme de vie peut également régresser et subir un déficit lors du deuil, des crises de l’existence et toute situation de stress.

Le narcissisme de mort

Le narcissisme de mort, lié à la pulsion de mort c’est la tendance au désinvestissement en s’isolant du monde extérieur et des excitations conflictuelles. Cela peut conduire à la déstructuration, l’anéantissement du Moi et se rencontre dans l'autisme.




Structure narcissique pathologique

Nous pouvons conclure que des désordres du fonctionnement narcissique se rencontrent dans tous les états psychopathologiques, tels que :
-la psychose, et notamment la skizophrénie, l’hypocondrie,la paranoïa, la mélancolie
- les états dépressifs,
- la psychopathie,
- les états limites,
- la personnalité narcissique,
- la névrose,
- la perversion narcissique


Pour A. Eiguer, le conflit psychique, qu’il soit de nature psychotique, névrotique, ou état limite est de nature objectal, mais aussi de nature narcissique.

En effet le conflit prend naissance dans la relation à l’autre, c'est-à-dire dans la relation objectale ; ainsi que dans la relation à soi, « à sa capacité de s’ouvrir ou de s’enfermer et de « partager la libido narcissique entre soi et l’objet ou de la concentrer exclusivement sur le moi… En conséquence, face à la névrose, le conflit objectal (libidinal) définira l’organisation du patient (hystérique, phobique, obsessionnelle) alors que le conflit narcissique définira le pronostic plus ou moins sévère d’après la gravité de ce dernier.
Face à la psychose, le tableau s’intervertit, le conflit narcissique définira l’organisation alors que l’importance du conflit objectal marquera le pronostic plus ou moins sévère, inversement proportionnel à son extension dans le fonctionnement global du patient. »

Dans la névrose donc c’est le conflit narcissique qui caractérise la gravité plus ou moins importante de ladite névrose.

Tandis que dans la psychose, le narcissisme qui organise de façon pathologique la personnalité est responsable de la maladie. C’est donc la relation conflictuelle à l’autre qui caractérisera la gravité plus ou moins importante de ladite psychose.

En conclusion, il semble bien que le narcissisme se construit par rapport à la relation primaire à la mère et que ce même narcissisme nourrit l’estime de soi, lequel peut être affecté de façon pathologique et peut conduire vers un désinvestissement total du monde extérieur (autisme) et qui signe le narcissisme de mort, en passant par une estime de soi démesuré ou orgueil ( omnipotence, mégalomanie…)

A partir de ces 2 articles sur le narcissisme, je me pencherai la prochaine fois sur la personnalité narcissique

N'hésitez pas à m'envoyer vos commentaires et poser des questions.

Alain DEBAQUE

dimanche 12 décembre 2010

LE NARCISSISME SAIN



LE NARCISSISME



Depuis l’existence de ce blog il est question principalement de perversion narcissique sans que le terme de narcissisme soit vraiment défini. C’est pourquoi je vous propose d’essayer de définir ce terme par différentes lectures, notamment celle de A. Eiguer

Narcisse dans la mythologie est un jeune homme dont la beauté si éclatante, si parfaite fascine de nombreux prétendantes qu’il méprise et dédaigne, dans sa toute suffisance. La nymphe Echo, de même éconduite, invoque la déesse Némésis afin de punir Narcisse par un désir d’amour qui restera à jamais inaccessible. Un jour, en s’abreuvant il tombe amoureux du jeune homme (aux traits si éclatants, si parfaits) qu’il voit dans l’eau et qui n’est autre que son reflet…Face à cette beauté qui le rend fou d’amour, en extase, il se penche pour atteindre son visage, tombe à l’eau et se noie. Il fut changé en fleur qui porte son nom aujourd’hui.

Le terme de narcissisme en référence au mythe grec de Narcisse est une notion introduite par Freud pour définir l’amour porté à sa propre image.
Il conceptualise le narcissisme primaire, ainsi que le narcissisme secondaire.

Narcissisme Primaire et de développement


Pour Freud (1914), au début de la vie, la totalité de la libido du bébé est investi sur lui-même, à un stade où la distinction entre soi et non soi et le concept d’objet séparé seraient encore à peine ébauchés. La libido du bébé, c'est-à-dire toute son énergie pulsionnelle, s’investirait lui-même (narcissisme primaire) avant d’aller investir un autre objet. Néanmoins, Freud affirme que ce narcissisme est présent chez tout à chacun et que cet investissement du moi se maintiendrait tout au long de la vie.

Le narcissisme primaire englobe le stade oral du développement de la personnalité selon Freud

« Les interactions précoces mère-enfant : le stade oral

C’est par la qualité des soins de sa continuité, de la fiabilité de la relation avec la mère que l’enfant pourra avoir une bonne image de lui même.
:
Relation symbiotique
La pulsion sexuelle du nourrisson s’établit par un investissement initial auto-érotique : la sensation de plaisir passe par l’excitation de la cavité buccale et des lèvres. Son besoin fondamental de nourriture est satisfait par la relation à la mère, via le sein ou le biberon. L’agressivité est un instinct et un comportement d’auto-défense ou d’autoconservation (succion et morsure du téton).

Incorporation – Introjection – Identification
Le stade oral est aussi le temps de l’incorporation qui consiste à se procurer du plaisir en faisant pénétrer un objet en soi, le détruire et s’assimiler les qualités de cet objet en le conservant au dedans de soi.
L’incorporation est l’équivalent de l’introjection et l’identification qui permet de s’assimiler les qualités de l’objet avec en toile de fond l’élaboration fantasmatique (hallucination de l’expérience antérieure de plaisir. C’est une réminiscence associée à un sentiment de réalité).

Le fantasme est aussi défini comme un scénario imaginaire mettant en scène les désirs conscients, inconscients de celui qui l’élabore. Il se manifeste souvent par les rêves.

Le processus d’individualisation-séparation

Angoisse de séparation
:



La relation mère-enfant est une relation symbiotique préobjectale car l’enfant parvient difficilement à discriminer ce qui vient de lui et ce qui vient de la mère jusque vers l’âge de 6 mois. Puis la mère est peu à peu perçue comme une personne différente avec l’acquisition de la perception de la non-coïncidence entre les besoins et les désirs de l’enfant et ceux de sa mère et il s’en suivra une interaction entre les deux partenaires et l’ouverture vers la symbolisation des relations qui se traduira par :
· Le sourire : qui est un signe, une valeur de communication
· Les pleurs : pour exprimer sa faim dans un premier temps. Puis vers 8 mois, les pleurs serviront à exprimer son angoisse de séparation ou d’abandon : c’est l’angoisse du 8me mois où l’enfant reconnaît et différencie sa mère de lui et des autres « étrangers ». Il y aura une réaction d’agressivité qui est projetée sur l’étranger afin de protéger sa mère et de conserver avec elle une relation privilégiée et absolue.

Projection :
La projection se met en place dans le processus d’individuation-séparation. L’enfant projette son agressivité vers l’étranger (pour lui, c’est l’étranger l’agresseur).


C’est un mécanisme psychique qui est le contraire de l’introjection. Le sujet expulse de lui et localise dans la réalité extérieure ou dans l’autre des sentiments, désirs, contenus de la pensée, qu’il refuse en lui ou tient à méconnaître. La projection se retrouve dans la production de symptômes phobiques, les superstitions, la paranoïa, le délire.
Elle intervient également dans toutes les relations de l’individu avec autrui. Mécanisme psychique, elle est inhérente à l’être qui voit le monde avec ce qu’il est, sa propre réalité. La vie, en générale est faite de projections qu’il s’agit de reconnaître » (La pratique relationnelle et l’aide à la personne)


Narcissisme secondaire sain et de développement


Selon, D. Winnicott pour s’épanouir, l’enfant doit développer un « narcissisme sain ». Pour cela l’enfant doit sentir qu’il est apprécié comme « bonne personne ». Le narcissisme est selon Winnicott, « ce qui permet à l’individu de se respecter tout en étant capable de maintenir une bonne relation avec le monde extérieur ».



Dans la psychologie Freudienne, le narcissisme est un synonyme de l’estime de soi, c'est-à dire à la capacité de fonctionner de manière autonome, ainsi qu’à la capacité d’entreprendre, d’investir en toute confiance de nouveaux objets.
Ainsi donc le narcissisme secondaire établit le fondement de l’estime de soi et coexiste avec l’amour objectal »..

L'estime de soi dépend du regard qu'ont porté nos parents sur nous depuis notre naissance.

L’estime de soi s’articule également avec l’idéal du moi qui se construit en s’identifiant aux 2 parents

Cet idéal du Moi est forgé par la morale venant d’abord de l’autorité et des exigences des parents, puis des autres intervenants dans l’éducation de l’enfant et enfin, de la société en général dans laquelle l’enfant vit.


Lorsque les parents posent un interdit, l’angoisse de celui-ci est de perdre leur amour. Il s’imagine alors qu’en collant à leurs désirs, il restera digne d’amour.


A l’inverse le Moi Idéal serait les qualités que l’on doit avoir pour être en accord avec Soi-même (ses propres valeurs, ses désirs, ses aspirations…). Quand il y a un trop grand écart entre l’Idéal du Moi et le Moi Idéal, le sujet ressentira une forte angoisse face à une situation mettant en jeu les valeurs opposées de ces deux instances.

La formation du moi est liée à l’identification à des objets privilégiés : parents, adultes tels que maître d’école, camarades, héros romanesques,… L’identification offre l’avantage de permettre le renoncement total ou partiel à une relation avec un objet(« posséder, avoir c et objet ») au profit d’une assimilation de l’objet ou de l’une de ses qualités(« ressembler, être à l’image de cet objet ») Pour se faire il y a retour sur soi de l’énergie pulsionnelle de l’amour porté à des objets extérieurs

L’investissement narcissique c’est l’investissement dans la libido d’objet ou dans le rapport à l’autre qui est vu au départ comme une partie de soi pour être ensuite reconnu comme différencié.

Le narcissisme sain est comme le narcissisme primaire, c'est-à-dire un narcissisme de développement.qui permet à la personne de s’estimer, s’apprécier, croître dans le bon sens, c'est-à-dire dans le sens de toutes ses potentialités « Rogers a développé le concept de la « tendance actualisante » en constatant que l’être humain possède en lui toutes les potentialités de son développement positif, constructif et toutes les ressources pour s’auto-actualiser à la situation et à la réalisation de soi pour un meilleur épanouissement et fonctionnement. »(La pratique relationnelle et l’aide à la personne)


C’est la tendance à la réalisation de soi.




Dans le prochain article je vous parlerai du narcissisme pathologique




Alain DEBAQUE