mardi 14 décembre 2010

NARCISSISME PATHOLOGIQUE

Narcissisme secondaire pathologique

Au départ existe normalement une relation privilégiée, symbiotique entre la mère et son bébé.

La maman, emprunte d'admiration est séduite par son enfant, et séduit celui-ci Cette séduction qui est remplie d’amour est vitale car c’est à travers ce regard que l’enfant se voit, voit son image, et au-delà sa propre estime.
C'est une relation d'amour primaire originaire entre la mère et l'enfant et se termine normalement par le deuil originaire de cette relation fusionnelle qui s’inscrit dans le développement normal de l’enfant.et qui vise la différenciation, l’autonomie et la séparation afin que cette relation fusionnelle s’éloigne du narcissisme primaire pour devenir une relation d’objet..

Mais cette relation mutuelle peut devenir exclusive, à l'écart de toute autre personne et interférence ; ainsi le deuil originaire de la séparation qui conduit à la découverte de l’objet ne peut avoir lieu.. Elle devient alors pathologique ; l’enfant séduit narcissiquement est sous l’emprise omnipotente de sa mère

Racamier « Le génie des origines: » « Le désir qui chez la mère la pousse à séduire narcissiquement son enfant est que cet enfant reste une partie d’elle-même, physiquement et psychiquement et qu’à eux deux ils forment un organisme omnipotent défiant toute autre présence et toute autre loi, ainsi l’enfant narcissiquement séduit doit être comme s’il n’était pas né, en tout cas comme s’il n’avait pas été engendré : la représentation du père et du sexe du père est exclue »

C’est vivre le fantasme d’unisson et de toute puissance

Si le désir de la mère devient réalité, cette relation exclusive, narcissique devient pathologique et se répercute sur les futures relations de l’enfant devenu adulte. En effet, l’autre, c'est-à-dire le partenaire ne pourra exister en tant qu’objet séparé, mais sera englouti dans son psychisme, sans que cet autre puisse éprouver, inspirer et représenter du désir. Son statut est celui d’un « objet - non-objet ». Il n’existe plus en tant que qu’être humain de désirs et de besoins..

Nous constatons qu’un narcissisme primaire doit théoriquement s’acheminer vers l’acceptation de la différence, de l’altérité de l’autre afin d’acquérir estime de soi, autonomie et liberté de choix, c'est-à-dire avoir le choix de ses décisions.

La relation d’objet étant établie par le constat de l’existence de l’autre, cette relation d’objet peut subir des carences affectives, avec des traumatismes psychologiques divers qui seront à l’origine de failles plus ou moins importantes dans l’édification du narcissisme sain, c'est-à-dire de l’estime de soi et conduira la personne à régresser à un stade de fixation du développement de la personnalité qui est un point d’encrage mais aussi une position défensive et de repli lorsque le fonctionnement normal est entravé dans son développement.

Le narcissisme secondaire pathologique c’est donc le retrait de la libido aux objets avec retour secondaire d’investissement sur le moi. Au lieu de diriger son regard vers le monde extérieur, celui-ci est centré vers lui-même, son monde intérieur.

Ce narcissisme secondaire portera les marques du narcissisme primaire, infantile, peu apte à la réalité et aura avant tout un rôle défensif plus qu’une fonction de médiation entre son univers pulsionnel et la réalité extérieure.

Le narcissisme secondaire pathologique est le repli de la pulsion sur le moi. Ce repli caractérise la névrose narcissique dont le sens dans un premier temps désigne la psychose par Freud. Mais celui-ci revient sur ce point et propose de limiter le terme de névrose narcissique aux affections mélancoliques, afin de les distinguer tant de la névrose que de la psychose.




Narcissisme- structurel d’après A. Eiguer

D’après A. Eiguer le narcissisme structure le fonctionnement de la personnalité et se retrouve dans toute personnalité normale ou pathologique. C’est un mouvement considéré par Freud de nature évidemment narcissique et auto-érotique.

Cependant A. Eiguer dans « Le pervers narcissique et son complice », considère 3 narcissisme structurels différents qui sont : le narcissisme-cadre, le narcissisme de vie et enfin le narcissisme de mort.

Le narcissisme cadre

Le narcissisme cadre a pour fonction de contenir le moi, de délimiter le dedans et le dehors afin d’investir l’autre comme un objet distinct de soi.
Le narcissisme cadre englobe le sujet dans son unité corporel et psychique et permet la relation entre soi et l’autre en se désinvestissant de son narcissisme pour investir le narcissisme de l’autre par une certaine dose d’identification projectile qui cadre avec son propre narcissisme. « Il crée la confusion d’identités pour cerner la différence. Il postule l’anonymat pour faciliter la nomination de l’autre. »

Les formes pathologiques du narcissisme cadre sont, d’après A. Eiguer :
_la symbiose, par excès

- par défaut : la perversion narcissique, la skizoïdie, l’autisme, la toxicomanie et la psychopathie, dont l’absence provoque une incapacité de l’attachement.
« Le désinvestissement objectal laisse transparaître ici le vide. Pourtant il ne s’agit pas d’un vide vécu comme angoisse d’anéantissement, mais d’un vide sans représentation ni affect »( A. Eiguer°). Cela fait penser au vide structurel du Pervers Narcissique qu’il essaie de remplir par « l’appropriation imaginaire de l’espace psychique de l’autre. »

Le narcissisme de vie

Le narcissisme de vie dont la pulsion de vie pour A. Green permet l’investissement de soi, de ses idéaux, de l’estime de soi.
Il apparaît clair qu’un narcissisme de vie dont existe une inflation de l’investissement de l’estime de soi va déborder le Moi par excès et provoquer soit omnipotence, mégalomanie, caractère narcissique ou psychose.

Le narcissisme de vie peut également régresser et subir un déficit lors du deuil, des crises de l’existence et toute situation de stress.

Le narcissisme de mort

Le narcissisme de mort, lié à la pulsion de mort c’est la tendance au désinvestissement en s’isolant du monde extérieur et des excitations conflictuelles. Cela peut conduire à la déstructuration, l’anéantissement du Moi et se rencontre dans l'autisme.




Structure narcissique pathologique

Nous pouvons conclure que des désordres du fonctionnement narcissique se rencontrent dans tous les états psychopathologiques, tels que :
-la psychose, et notamment la skizophrénie, l’hypocondrie,la paranoïa, la mélancolie
- les états dépressifs,
- la psychopathie,
- les états limites,
- la personnalité narcissique,
- la névrose,
- la perversion narcissique


Pour A. Eiguer, le conflit psychique, qu’il soit de nature psychotique, névrotique, ou état limite est de nature objectal, mais aussi de nature narcissique.

En effet le conflit prend naissance dans la relation à l’autre, c'est-à-dire dans la relation objectale ; ainsi que dans la relation à soi, « à sa capacité de s’ouvrir ou de s’enfermer et de « partager la libido narcissique entre soi et l’objet ou de la concentrer exclusivement sur le moi… En conséquence, face à la névrose, le conflit objectal (libidinal) définira l’organisation du patient (hystérique, phobique, obsessionnelle) alors que le conflit narcissique définira le pronostic plus ou moins sévère d’après la gravité de ce dernier.
Face à la psychose, le tableau s’intervertit, le conflit narcissique définira l’organisation alors que l’importance du conflit objectal marquera le pronostic plus ou moins sévère, inversement proportionnel à son extension dans le fonctionnement global du patient. »

Dans la névrose donc c’est le conflit narcissique qui caractérise la gravité plus ou moins importante de ladite névrose.

Tandis que dans la psychose, le narcissisme qui organise de façon pathologique la personnalité est responsable de la maladie. C’est donc la relation conflictuelle à l’autre qui caractérisera la gravité plus ou moins importante de ladite psychose.

En conclusion, il semble bien que le narcissisme se construit par rapport à la relation primaire à la mère et que ce même narcissisme nourrit l’estime de soi, lequel peut être affecté de façon pathologique et peut conduire vers un désinvestissement total du monde extérieur (autisme) et qui signe le narcissisme de mort, en passant par une estime de soi démesuré ou orgueil ( omnipotence, mégalomanie…)

A partir de ces 2 articles sur le narcissisme, je me pencherai la prochaine fois sur la personnalité narcissique

N'hésitez pas à m'envoyer vos commentaires et poser des questions.

Alain DEBAQUE

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