jeudi 7 octobre 2010

RELATION D'EMPRISE ET SYNDROME D'ALIENATION PARENTALE



Un enfant est une cible facile
Manipuler un enfant est beaucoup plus facile que manipuler un adulte.
Un enfant est plus vulnérable, plus facile à modeler,
à façonner.


Contextes le plus souvent observé lors d’accusation de SAP
L’accusation de SAP fait suite le plus souvent à des divorces hautement conflictuels avec violences conjugales psychologiques, physiques, sexuelles, etc.
Dans ce contexte, La résidence alternée paritaire est exigée par les pères le plus souvent pour se « venger » de la conjointe qui a pris l’initiative de la séparation, pour, par exemple, ne pas payer de pension alimentaire, ou d’autres raisons obscures.
Devant le Juge qui doit prendre la décision de garde alternée, cette exigence se cache derrière une attitude humble, de parent aimant ses enfants, souffrant de leur absence, et garantissant des conditions de vie non contraignantes par un logement près de l’ex-conjoint(e) pour continuer à fréquenter la même école, promettant même à l’occasion de continuer à verser la pension alimentaire.
Les enfants qui vivent le drame sont en grande souffrance (comportement de mal-être avec repli sur soi, tristesse, dépression, lassitude, grande fatigue, colère, agressive, hyper activité, etc.), et régressent en redevenant fusionnels avec leur mère.
Sans tenir compte du désir profond de l’enfant la demande de garde alternée est souvent obtenue ; ce qui complique la relation conflictuelle entre les deux parents.
L’enfant doit s’exécuter, ne peut exprimer sa détresse dont les symptômes s’expriment au domicile du parent qui est ressenti comme le plus sécurisant.
L’importance de la présence des 2 parents pour l’éducation de l’enfant.est reconnue, et nécessaire et la résidence alternée s’avère payante si les 2 parents cessent leurs conflit se sont impliqué efficacement dans les tâches parentales jusqu’à la séparation, et si ceux-ci cessaient leurs conflits..
Le conflit des parents aboutit à faire preuve d’exigence, de rigidité, d’égocentrisme en ce qui concerne la garde alternée, s’appuyant sur le jugement du tribunal. Malgré le mal être que l’enfant exprime, le plus important pour le parent étant de faire appliquer la loi, et l’emploi de paroles telles que ; « c’est mon droit » ou « c’est comme ça, un point c’est tout » ne sont pas rares.
En imposant la loi ils hypothèquent la qualité de ce lien, alors qu’une progressivité va l’assurer, amenant l’enfant lui-même à demander, peut-être, une résidence alternée paritaire voire le souhait d’aller vivre chez l’un. Et dans ces cas-là, de la même façon, l’enfant doit être entendu et respecté.
Les comportements qui influent sur les relations des parents après le divorce.


Le mémoire préparé par Rhonda Freeman intitulé « Gérer les difficultés de contact : une approche axée sur l’enfant » (adressé au Ministère de la Justice du Canada) indique qu’une «… tendance prend de l’ampleur dans la documentation en vue de cerner les comportements qui influent sur les relations des parents après le divorce. Cette conceptualisation est considérée utile puisqu’elle fournit une base pour les interventions visant à améliorer les relations favorables aux enfant »

Il semble donc qu’un effort de compréhension des comportements aliénants est nécessaire afin d’aider l’enfant à vivre la relation avec l’autre parent.

Il donne aussi la liste des principaux comportements du parent aliénant observés par les chercheurs :

« souffrir de dépendance (à l’égard de l’ancien conjoint, du nouveau ou de l’enfant);
-manifester de la rigidité, ne penser qu’à soi, manquer de sens des responsabilités, manifester un niveau élevé de suspicion et de critique;
-avoir un niveau de colère élevé;
-croire qu’il est bon pour les enfants d’être élevés sans l’influence de l’autre parent;
-imposer des restrictions à l’ex-conjoint ou corriger l’éducation transmise par lui;
ne pas protéger les enfants du conflit;
-encourager les enfants à assumer leur point de vue ou les forcer à choisir entre les parents;
-amener l’enfant à se sentir coupable d’aimer l’autre parent;
-redéfinir les différences normales entre parents selon les critères de « bien » et de « mal »;
-amener l’enfant à se mêler davantage des affaires des « parents »;
-inciter l’enfant à recueillir en secret de l’information sur l’autre parent;
-à partir d’un ou deux incidents, généraliser en vue d’une évaluation plus globale;
-s’interposer dans le calendrier résidentiel de l’enfant (p. ex., par la non-disponibilité de l’enfant ou par son retour tardif);
-accroître le risque que l’enfant soit exposé au conflit et/ou à la violence;
-menacer d’accuser le conjoint ou l’accuser de sévices contre l’enfant (agression sexuelle, mauvais traitements physiques ou émotionnels);
-menacer d’enlever l’enfant ou passer aux actes »

Cet énoncé n’identifie pas le type de personnalité selon les comportements observés. Cependant on peut en dégager 2 lignes principales de comportements :
L’une se situe sur un registre de comportements rigides, interprétatif, menaçant ;
l’autre sur le registre de comportements de types abandonniques ou dépendants.

La relation d’emprise sur l’enfant n’est pas débattue dans ce mémoire, alors que dans la thèse de doctorat présentée à l’université de Lyon le22octobre 2008 (qui plaide en faveur de Gardner) nomme la relation d’emprise et les personnalités s’y afférentes.
Le syndrome d’aliénation parental de Gardner
Gardner définit le SAP par un trouble de l’enfant qui survient lors de conflits, de disputes au sujet du droit de garde. Une campagne de dénigrement est exprimée par l’enfant sans aucune justification (comportement de rejet et de haine).
Le tout combiné par une programmation (lavage de cerveau) » visant à détruire l’image de l’autre parent et la contribution de l’enfant à cette campagne de diffamation du parent cible.
A terme, l’enfant rejette ou diabolise ce parent qu’il aimait auparavant, et fait indissolublement corps avec le parent aliénant, conformément au désir de celui-ci.
Le parent aliénant cherche soit à se venger de l’autre et à restaurer son image narcissique en captant l’enfant, soit cherche à ne pas perdre l’enfant après avoir perdu son partenaire. Il crée donc avec celui-ci un bloc indissociable, dressé contre l’autre parent qui devient le « méchant », responsable de tous leurs malheurs.
En quelques mots, le SAP est un mode pervers de mettre l’enfant de son côté, de trouver un allié, de monter son enfant contre l’autre parent.
Le lavage de cerveau est subi par l’enfant de manière implicite Cette thèse de doctorat constate qu’il s’agit d’une relation d’emprise qui est liée à la puissance de la conviction. Elle soulagerait l’enfant de l’ambivalence de ses sentiments suite à la rupture, de l’anxiété qui s’ensuit et de la peur de l’abandon.
Dans le SAP, la relation d’emprise s’applique du parent aliénant sur l’enfant, mais cette emprise a des répercussion sur le parent aliéné qui se retrouve complètement dépourvu, sans aucun moyen pour changer le regard que porte l’enfant sur lui, et avoir la moindre relation avec lui

Gardner, a décrit un type de relation d’emprise intrafamiliale avec quatre critères permettent de diagnostiquer l’action du parent aliénant :
« - l’entrave à la relation et au contact;
- les fausses allégations d’abus divers,
- la réaction de peur des enfants,
- la détérioration de la relation depuis la séparation
»

Gardner évoque surtout des personnalités à tendance hystérique ou paranoïaque.
Elle cite aussi Dorey qui détermine deux types de personnalités responsables de relations d’emprise : les pervers et les obsessionnels, ainsi que. Racamier qui évoque pour sa part les pervers narcissiques

Deux types de profils de parents aliénants sont décrits dans cette thèse :

Parent surprotecteur

« Le parent surprotecteur se figurera qu’il est le seul bon » parent… »
« .. est convaincu de la nocivité potentielle de l’autre parent… »
« … atteint d’une fragilité narcissique…Ce parent aura tendance à mettre l’enfant dans un cocon pour qu’il ne lui arrive rien
».

« Le parent aliéné sera considéré comme trop autoritaire, ou trop faible, ou le nouveau conjoint ne trouvera pas grâce aux yeux du parent aliénant, bref ce dernier trouvera toujours quelque chose qui n’ira pas et qui constituera une justification suffisante de rejet… »
« Le parent aliénant se considère comme le seul bon parent, parfait, et multiplie les signes auprès de l’entourage pour être reconnu comme tel. Le modèle psychiatrique le plus proche est l’hystérie…».

La lutte contre la dépression par un comportement « extrêmement revendicateur » serait une autre motivation inconsciente possible.

Parent vengeur

« Le parent vengeur agira beaucoup plus consciemment. On peut le rapprocher de la figure du paranoïaque ou encore du pervers narcissique.

Le parent paranoïaque vit dans la peur de l’autre parent et du mal potentiel qu’il peut faire aux enfants. Il sera le premier à accuser l’autre parent de toutes sortes de sévices imaginaires, d’un comportement violent ou totalement inadapté. Il se montrera également très habile devant les tribunaux et pour rallier les anciens cercles d’amis communs à sa cause.

Le pervers narcissique est le plus redoutable. Familier des relations perverses, il utilisera les enfants pour atteindre l’autre à un degré plus ou moins fort. Son but est de détruire, et tous les moyens sont bons. Tout a commencé bien avant la séparation… »

Analyse de ces 2 énoncés sur le comportement du parent aliénant
Le mémoire et la thèse se rejoignent quant aux comportements rigides, interprétatif, menaçant. La thèse identifie la personnalité paranoïaque, obsessionnelle et le pervers narcissique responsables de relations d’emprise et cite Dorey pour ce faire ainsi que Gardner qui lui évoque des personnalités à tendance hystérique ou paranoïaque.


L’article sur « le schéma de la relation d’emprise » que j’ai publié précédemment reprend la définition de Dorey sur l’emprise et analyse la personnalité obsessionnelle, perverse et paranoïaque décrite par M F Hirigoyen dont je vous livre ici un extrait.

« Dorey définit le désir d’emprise comme « tendance très fondamentale à la neutralisation du désir d’autrui » et il distingue :
d’une part, l’emprise obsessionnelle, qui vise à annuler l’autre en tant que sujet, le détruire, l’anéantir, le traiter comme une chose contrôlable, manipulable, disposer de lui, passer du pouvoir à la possession jusqu’à ce qu’il soit totalement dessaisi de lui-même et figé dans une position de servitude complète ;
d’autre part, l’emprise perverse qui, plutôt située du côté de la séduction, cherche à dévoyer l’autre, l’utiliser sans son contentement, cherche la fusion, entretient la confusion et refuse la séparation.
HIRIGOYEN ajoute les personnalités paranoïaques. La paranoïa allie en proportion variable un caractère psychorigide à des interprétations plus ou moins délirantes à base de persécution. »

Il semble que l’on peut tomber d’accord que l’aliénation peut être le fait de ces structures de personnalités rigides qui veulent manipuler leur entourage afin d'exercer le contrôle pour le POUVOIR ABSOLU avec un sentiment de TOUTE PUISSANCE

Mais l’aliénation parentale peut être aussi le fait de personnalités de types abandonniques ou dépendants, et d’après Gardner les personnalités hystériques ou d’un parent surprotecteur, atteint d’une fragilité narcissique comme l’énonce la thèse.

Pour moi la personnalité de type abandonnique ou dépendantes se rencontrent dans les états limites ou border line, et s’inscriraient assez facilement dans ce schéma de parent aliénant.

Quant à la personnalité hystérique, je laisse le débat ouvert, et je m’en remet à vos observations et serais heureux d’en discuter..

Cependant il est vrai que la relation entre une mère et son enfant est une relation privilégiée et qu’aucun père ne pourra égaler la limite entre attachement pour l’enfant et emprise violente est ténue.
En effet, cet enfant vient du plus profond de ses entrailles. « Un amour inconditionnel se retrouve à l’origine, dans un scénario idéal, entre la mère et l’enfant qu’elle vient de mettre au monde. La mère porte sur l’enfant toute son attention, sa tendresse, sa compassion. Cet amour est sublimé par cette relation particulière où venu des entrailles de sa mère, l’enfant peut la sentir, la toucher, l’entendre, l’apercevoir, se nourrir à son sein à la fois d’un lait « nourrissant » mais aussi affectif.
Au départ, il y a un lien fusionnel, sublimal entre le bébé et sa mère. Celle-ci répond à ses besoins de nourriture, d’amour, de sécurité de façon inconditionnelle dont le but ultime est le sevrage afin que l’enfant grandissant, puisse acquérir son autonomie, sa liberté (on pourrait dire : apprendre à marcher vers sa liberté). Et qu’elle même, de mère attentive, puisse retrouver son autonomie de femme et répondre à ses propres besoins et désirs.
Pour cela, la mère doit le confronter à la réalité de la relation dans laquelle elle doit jongler entre la satisfaction de ses propres besoins, ainsi que la nécessité de le guider vers des buts prédéterminés : le voir grandir vers son indépendance. »
« L’enfant, par besoin d’amour va essayer de faire et d’être pour avoir l’approbation, la valorisation et l’amour des personnes signifiantes pour lui (père, mère ou substituts).
C’est l’acquisition d’une valorisation conditionnelle qui le conduit à sélectionner ses expériences et son comportement de façon discriminatoire afin de répondre aux valeurs des signifiants.
Il répondra aux besoins de l’autre, pas à son besoin organismique profond, c’est à dire à la satisfaction ou à l’insatisfaction globale qu’il éprouve réellement à l’égard de son expérience.
Il y a production d’un code de comportement pour se conformer aux préjugés des autres : « je dois être comme si… toujours gentil, attentionné, dur, agressif… ».
Il introjecte dans des valeurs morales et ne laisse pas l’accès à la conscience certaines expériences non conformes à ces valeurs. Il omettra de les symboliser ou les déformera de leur signification initiale. Il y aura donc clivage du moi par besoin d’amour. .Il se construit dans un concept de soi (ou une structure du moi) en accord avec le développement de sa personnalité qui est le résultat de son conditionnement psychologique. » (extraits du livre « Pratique relationnel et aide à la Personne »)


La mère a donc une relation privilégiée avec l’enfant et peut acquérir de ce fait une position de toute puissance à l’égard de celui-ci. On comprend mieux que lors de blessures narcissiques sévères, la mère peut, à travers l’affection, l’amour porté à l’enfant comme si en étant aussi proche de l’enfant elle pouvait réparer sa souffrance venue de son passé le plus lointain : son enfance. Si cette relation est trop exclusive, elle devient fusionnelle et alors s’apparente à la relation d’emprise, qui, je le rappelle exclut l’altérité de l’autre.
Pour conclure, les comportements d’aliénations existent et sont le fait prioritairement de certaines personnalités dont l’emprise sur l’enfant signe les caractéristiques des personnalités obsessionnelles, perverses et paranoïaques.
Cette emprise pervertit le lien, la relation et donc le contact.
Le deuxième type de personnalité telle que « parent surprotecteur…atteint de fragilité narcissique » ou de type abandonnique ou dépendante qui utilise l’enfant comme « un médicament » à leur mal être, ou qui peut être aussi un instrument de vengeance pour réparer leur blessure narcissique, ceux-là je les qualifierai de parents toxiques, contrairement à la mère suffisamment bon de Winnicot.
Comprendre le fonctionnement de ces personnalités permettra, je l’espère, d’agir plus efficacement dans l’intérêt supérieur de l’enfant.

mardi 5 octobre 2010

SYNDROME D'ALIENATION PARENTALE OU DIFFICULTES DE CONTACT?

Lors des divorces, La plupart des parents ont tendance à impliquer leur(s) enfant(s) dans leur conflit, car ne peuvent supporter leur part de responsabilité dans ce constat d’échec ; c'est un comportement assez naturel.

Cependant, cette tendance à impliquer l’enfant dans le conflit parental peut tourner à une véritable manipulation en déchirant, voire détruisant l’image de l’autre parent. L’objectif final étant son éradication et sa mort psychologique par un mépris total de son existence.

Cette manipulation porte le nom de syndrome d’aliénation parentale et c’est Richard A. GARDNER pédopsychiatre américain qui a introduit les termes « aliénation parentale » et « syndrome d’aliénation parentale » en 1985 pour décrire le comportement de rejet et de haine de l’enfant d’un des 2 parents après un divorce hautement conflictuel. Ce comportement serait induit par le, parent aliénant qui agit en manipulant l’enfant contre son ex en combinant « programmation, c'est-à-dire lavage de cerveau et l’implication de l’enfant dans le conflit parental en rejetant et dénigrant le parent aliéné. Sa définition se fonde principalement sur les comportements ou les caractéristiques du parent aliénant

Voici sa définition : « Le Syndrome d’Aliénation Parentale (SAP) est un trouble de l’enfance qui survient presque exclusivement dans un contexte de dispute concernant le droit de garde de l’enfant. L’enfant l’exprime initialement par une campagne de dénigrement à l’encontre d’un parent, cette campagne ne reposant sur aucune justification. Le SAP résulte de la combinaison de la programmation du parent endoctrinant (lavage de cerveau) et de la propre contribution de l’enfant à la diffamation du parent cible. Lorsqu’un abus et/ou une négligence parentale existent vraiment, l’animosité de l’enfant se justifie et ainsi l’explication de ce comportement par le syndrome d’aliénation parentale ne s’applique pas. »

Donc il y a un trouble de l’enfance
Dispute au sujet du droit de garde
Une campagne de dénigrement exprimé par l’enfant sans aucune justification
Combinaison d’une programmation (lavage de cerveau) et la contribution de l’enfant à cette campagne de diffamation du parent cible.





ANALYSE DE LA PERTINENCE DU SYNDROME D’ALIENATION PARENTALE

Le SAP est un sujet explosif et constitue une arme redoutable, dans les contextes de « guerre parentale » après un divorce conflictuel.

Les critiques sur Gardner se sont abattues s’agissant du SAP car l’on manque de recul et d’études scientifiques précises pour argumenter ce syndrome qui est de ce fait l’objet de polémiques et de contrevorces

Ce syndrome est absent du DSM IV, manuel de classifications internationales des troubles psychiatriques.

Des organismes professionnels reconnus affirment qu’ on ne peut considérer le SAP comme un syndrome, car il ne comporte pas de symptômes généralement reconnus et vérifiés empiriquement.

D’après certains détracteurs, Gardner a pris des positions extrémistes sur les déviances sexuelles (viol, inceste, pédophilie) jugées scandaleuses. En effet, il a justifié ces déviances par des théories insensées

Pour d’autres, favorables à la définition du SAP de Gardner, les propos sur ses positions extrémistes serait tendancieux car leurs positions seraient tirées d’un article de Gardner sur lesperversions, où l’auteur développe la notion de « l’enfant est un pervers polymorphe » définie par Freud ; d’évoquer la sexualité de l’enfant dans une société très puritaine, d’appeler à la tolérance dans les comportements sexuels adultes (notamment vis-à-vis des homosexuels) tout en condamnant fermement la pédophilie, le viol, et toute sexualité contrainte.

Cependant, en France ce syndrome est de plus en plus utilisé pour être reconnu auprès des tribunaux.

Pour la première fois le SAP a été reconnu par le TGI de Toulon le 4/06/2007

Une thèse en médecine a été présentée à Lyon le 22 octobre 2008 et plaide en faveur du SAP qui est « … un processus d’emprise de l’un des parents sur les enfants, dans le but d’éliminer l’autre, et ce, avec la complicité des enfants… »

Carol JONAS, psychiatre des hôpitaux, chef de service au CHU de TOURS, docteur en Droit, expert près la cour d'appel d'Orléans arrive aux conclusions suivantes :

« La formule : syndrome d'aliénation parentale est de plus en plus souvent utilisée devant les tribunaux, notamment à l'occasion de ruptures conjugales. Elle a été introduite par un pédopsychiatre américain en 1986. Depuis lors elle n'a jamais fait l'objet d'un consensus et ne repose sur aucune théorie scientifique reconnue. Le diagnostic, selon les défenseurs de ce syndrome, repose uniquement sur des manifestations prêtées à l'enfant allant d'une campagne de rejets et de diffamations, à des rationalisations absurdes en passant par une absence d'ambivalence normale chez l'enfant ou encore une hostilité marquée entre tous les membres de la famille du parent rejeté. L'étude de la littérature sur ce syndrome révèle qu’ aucune enquête sérieuse n'a été réalisée avec des outils diagnostiques reconnus permettant de déceler chez le parent aliénant un type de personnalité qui pourrait expliquer la manipulation et 'l'utilisation de l'enfant ».

Il souligne le fait que ce syndrome met en exergue le comportement de l’enfant mais oublie de parler du type de personnalité du parent manipulateur ou aliénant.

Le débat en France sur ce sujet est loin d’être clos et il est l’objet de vifs polémiques entre féministes et associations de pères. Il se retrouve obligatoirement devant le Tribunal qui ne peut ignorer ces accusations.

Un mémoire a été publié au Canada intitulé « Gérer les difficultés de contact : une approche axée sur l’enfant »

Préparé par Rhonda Freeman, Familles en transition, Family Service Association of Toronto et adressé au Ministère de la Justice du Canada lequel lui a demandé de fournir une évaluation critique de cette documentation afin de déterminer si l’aliénation parentale est un concept utile et généralement accepté

Ce mémoire pose la question de l’utilité du syndrome d’aliénation parentale (SAP) et des autres explications proposées à l’égard de l’aliénation. Il constate que les termes « aliénation parentale » et « syndrome d’aliénation parentale » sont de plus en plus utilisés devant les tribunaux, et que ces étiquettes favorisent la tension entre les parents et créent des conflits. Ces termes n’aident pas particulièrement à favoriser la solution des différends dans l’intérêt supérieur de l’enfant, mais au contraire ne tiennent compte ni des besoins ni des souhaits des enfants

D’ autre part la proposition de Gardner voulant que les comportements aliénants soient assez probants pour être considérés comme un syndrome aux fins du diagnostic a trouvé peu d’appui au sein des spécialistes et engendre toujours un débat au sujet de l’exactitude de cette étiquette.

Aussi, afin d’avoir un éclairage plus juste sur ce sujet, les travaux de ce mémoire préfèrent utiliser le terme : « difficultés de contacts » :

« L’aliénation, qui ne représente qu’un aspect de la nature complexe des relations enfant-parents après le divorce est souvent la forme extrême d’une hostilité constante entre parents séparés. Lorsque les enfants deviennent aliénés d’un parent, l’hostilité qu’ils ressentent se traduit souvent par une opposition forte et tenace à ce parent. En conséquence, le ministère de la Justice a accepté d’élargir sa demande initiale pour que nos travaux englobent ce que nous appelons les difficultés de contact. Nous sommes d’avis que ces difficultés sont un phénomène qui fournit une image plus complète des enjeux pour les enfants et des façons de répondre à leurs besoins ».

Il note également que ces difficultés de contact ont été décrites par Reich en 1949 ;:
« La première mention des difficultés de contact enfant-parents dans la documentation semble être attribuée à Reich, dont des écrits remontant à 1949 traitent de parents qui cherchaient à se venger de leur conjoint en le privant du plaisir du contact avec leurs enfants ».

L’expression « difficultés de contact » me plait. En effet, pour qu’une relation ait lieu, il faut établir un contact psychologique entre les2 personnes, l’enfant qui est perturbé par le conflit parental
L’enfant en souffrance, généralement, s’isole et la communication s’altère… dans une désespérance d’être entendu, compris.

Ce contact peut être simple dans un premier temps : un signe, un sourire, un visage triste, un geste …un mouvement du corps. C’est un contact non verbal qui est un signe émettant un message et réalisant un lien entre les deux personnes.
Ce peut être aussi un contact verbal, ou les deux à la fois.
Le contact permet de communiquer, de s’approcher l’un de l’autre par les signes, les mots.
Ainsi, la connexion le contact crée la rencontre, la relation.

De par sa souffrance, son mal être, l’enfant est fragilisé, perturbé et se trouve dans un état d’incongruence, c’est à dire qu’il n’arrive pas à avoir une vision juste de sa situation, son jugement est faussé de par son état.

Ce mémoire est très intéressant à plus d’un titre, à savoir que le terme de Syndrome d’Aliénation Parentale alimente le conflit qui devient stérile. Que ce terme ne tient pas compte des besoins et souhaits des enfants.
Je vous en livre, ci-dessous, quelques extraits.

« Le terme « difficulté des contacts » signifie plus que la simple aliénation et les comportements aliénants; il représente plutôt tout changement néfaste dans la relation enfant-parents après le divorce. Il y aurait difficulté de contact lorsque les occasions où un parent et un enfant se voient ou échangent sont moins fréquentes ou moins satisfaisantes qu’avant la séparation du couple. La dynamique des difficultés de contact est complexe et nécessite un examen minutieux des facteurs liés à l’enfant, à ses parents et à la situation de la famille après le divorce …

…Certains enfants semblent être capables de résister à l’aliénation des parents quelle que soit l’intensité de la campagne de dénigrement (Warshak, 2002). Cependant, le refus d’un enfant à passer du temps avec un parent non résidentiel après le divorce peut aussi représenter « … un extrême dans le continuum de ses tentatives pour survivre aux conséquences de la perturbation familiale » (Racusin et al., 1994 : 793). Les enfants peuvent exprimer ouvertement leur haine ou leur aversion pour un parent. D’autres peuvent refuser de lui parler ou de passer du temps avec lui. Leur haine contre le parent rejeté peut être implacable. Selon Thayer et Zimmerman (2001), les enfants ne font preuve d’aucune culpabilité ni bouleversement, ou presque, face à ces comportements. Leurs explications semblent répétitives et peuvent avoir l’air toutes faites. Leurs croyances semblent s’imbriquer avec celles du parent avec qui ils vivent. Les enfants décrivent les événements d’une façon restreinte et absolue et, souvent, ils connaissent bien toutes les « affaires du parent » et répètent cette information. Ney et Blank (en préparation : 3) signalent le dilemme pour l’enfant de la manière suivante : « l’enfant est la seule personne dont on attend qu’elle puisse dépasser le conflit, demeurer neutre et tolérer les tensions, mais c’est lui qui est le moins capable de le faire...

..La résistance de l’enfant (c.‑à‑d. la crainte ou le fait qu’il n’aime pas un parent, des antécédents de mauvais traitements) peut être justifiée. Sa réaction peut être influencée par son stade de développement. Elle peut représenter une importante stratégie de survie pour l’enfant qui tente de faire face aux changements dans sa famille, de s’assurer de l’affection continue d’un parent ou de réaliser un fantasme de réconciliation en manipulant les situations afin de tenter de réunir ses parents. Les enfants qui connaissent des difficultés de contact peuvent ne plus savoir lequel des deux parents croire (Johnston, 1993; Lewis et Sammons, 1999; McDonough et Bartha, 1999; Warshak, 2002)…

..Lorsqu’il y a difficulté de contact, les réactions des enfants varient, allant de l’agression au retrait et à la dépression. Les enfants peuvent sembler inquiets, hésiter à exprimer de l’affection et connaître certaines difficultés à l’école et dans leurs relations avec leurs camarades. Les plus vieux peuvent être plus rebelles et, parfois, faire abus d’intoxicants (Stahl, 2000). Certains enfants éprouvent une douleur affective, semblent très seuls, n’ont plus de lien avec un parent et ont une vue faussée de la réalité (Gould, 1998).
Racusin et al. (1994 : 799) indiquent que les enfants qui refusaient de passer du temps avec un parent non résidentiel avaient tendance à être les plus âgés ou les enfants les plus âgés et vivant toujours à la maison. Ce groupe d’enfants était aussi plus susceptible d’avoir « … au moins un parent qui avait des problèmes fonctionnels significatifs ou une psychopathologie ». Dans leur échantillon, les filles étaient plus susceptibles que les garçons d’être « réfractaires ». Selon les données de Smart et Neal (2000 : 167), les enfants invités à passer du temps avec un parent qui faisait preuve de peu d’intérêt pour eux trouvaient des moyens de réduire la durée des contacts…

….Les conflits non résolus entre les parents sont souvent signalés comme facteur déterminant dans la relation enfant‑parents. Du point de vue de l’enfant, lorsque survient un conflit en matière de contacts, il transforme souvent la relation enfant-parents en « obligation planifiée », selon les dires de Nicholson (2002a). Les bienfaits de cette relation s’étiolent lorsque l’enfant vit le drame mettant aux prises ses parents….

..Comme le notent Garrity et Baris (1994), les relations difficiles peuvent s’installer longtemps avant la séparation….

…Par ailleurs, le contact continu peut ne pas être toujours conforme à l’intérêt supérieur de l’enfant. C’est le cas si le parent non résidentiel est peu fiable, si l’enfant est continuellement exposé au conflit et à l’hostilité parentale, s’il est maltraité et s’il y a lutte de pouvoir continuelle entre les parents. Les défenseurs des droits des femmes ont aussi indiqué que le contact continu entre les enfants et les parents non résidentiels peut compromettre la sécurité des victimes de la violence faite aux femmes et celle des enfants témoins (Landau, 1995)…

..Un problème qui est souvent oublié et qui a de profonds effets surtout sur les enfants, c’est l’abandon par un parent
…Les participants à la consultation des jeunes au sujet de la Loi sur le divorce voient dans cet abandon l’un des aspects les plus pénibles du divorce (Freeman et Freeman, 2001)….
…Dans certains cas, des relations minimales ou inexistantes enfant‑parent correspondent à l’abandon de l’enfant par un parent..
…Williams (1990) conclut que les pires situations sont celles où un parent abandonne l’enfant. En pareil cas, celui-ci peut devenir déprimé et même suicidaire. L’estime de soi est affaiblie et le manque de confiance peut s’installer. Cela peut susciter des difficultés à nouer des relations d’adulte parce que l’enfant a des occasions limitées de connaître des modèles de relations saines, ce qui est un thème noté par Wallerstein et al. (2000)…

…Les variables liées aux enfants, qui influent sur les contacts, sont l’âge et le stade de développement de l’enfant au moment de la séparation et la mesure où celui-ci perçoit le contact comme un obstacle à ses activités et habitudes (Smart, 2002). Les variables liées aux parents comprennent la nature et l’ampleur de leur relation avant la séparation, leur capacité à régler les problèmes de perte et de tristesse, l’alcoolisme et la toxicomanie, le degré d’intérêt pour l’enfant, les problèmes de santé mentale, la classe sociale, le revenu et la situation d’emploi du père…

Dans l’optique de l’enfant, les contacts deviennent « … le transfert d’une relation en une obligation planifiée » (Nicholson, 2002a : 4). Le conflit constant entre les parents est un problème pour les enfants qui peuvent déceler le rapport entre le conflit et la relation (Freeman et Freeman, 2001)…

…Dans leur étude très révélatrice, les enfants soulignent que la qualité de leur relation avec les parents et le style parental étaient plus importants que les modalités réelles des contacts (à notre avis, cela mérite plus de recherche). Les auteurs concluent que les enfants veulent des parents qui s’occupent d’eux, qui leur parlent, qui les protègent contre les conflits et qui sont souples en ce qui concerne les modalités des contacts…

les enfants disposent rarement d’un moyen sûr et significatif de se faire entendre dans le processus du divorce. Smart (2002 : 318) note que l’aspect le plus pénible pour les enfants est de ne pas avoir la mainmise sur leur propre vie. Ainsi, elle écrit :
…les enfants ont dû rétablir leurs relations avec leurs parents, ce qui dépendait en grande partie de la confiance et de la chaleur existant avant la séparation, puis de la qualité du comportement parental par la suite. La majorité des enfants ont clairement exprimé qu’ils ne voulaient pas être forcés à faire des choix, mais qu’ils voulaient avoir la possibilité de s’exprimer et savoir ce qui se passait… »

Le mémoire conclue qu’il est plus efficace de cerner les comportements parentaux qui influencent les relations après le divorce que d’utiliser l’expression syndrome d’aliénation parentale (SAP). Car La compréhension des comportements problématiques des parents ce qui mine ou entrave la relation, « fournit une base d’intervention auprès. de ceux-ci et aide aussi à clarifier le genre de soutien dont les enfants peuvent avoir besoin ».

Je vous ai livré quelques extraits de ce mémoire, qui, j »espère, vous incitera à le consulter et à le lire dans son ensemble.

Ce mémoire dénonce l’emploi des termes « aliénation parentale » et « syndrome d’aliénation parentale » qui alimentent le conflit et ne tiennent compte ni des besoins ni des souhaits des enfants lesquels ne correspondent pas toujours avec ceux des parents.
Il faut savoir les écouter, comprendre leur comportement face au cataclisme que provoque la séparation des parents et de leur conflit qui perdure.


Cependant, actuellement il n’y a pas d’autre terme que celui « d’aliénation parentale qui peut le mieux exprimer la manipulation, l’emprise d’un des deux parents (le parent aliénant) sur l’enfant.