jeudi 7 octobre 2010

RELATION D'EMPRISE ET SYNDROME D'ALIENATION PARENTALE



Un enfant est une cible facile
Manipuler un enfant est beaucoup plus facile que manipuler un adulte.
Un enfant est plus vulnérable, plus facile à modeler,
à façonner.


Contextes le plus souvent observé lors d’accusation de SAP
L’accusation de SAP fait suite le plus souvent à des divorces hautement conflictuels avec violences conjugales psychologiques, physiques, sexuelles, etc.
Dans ce contexte, La résidence alternée paritaire est exigée par les pères le plus souvent pour se « venger » de la conjointe qui a pris l’initiative de la séparation, pour, par exemple, ne pas payer de pension alimentaire, ou d’autres raisons obscures.
Devant le Juge qui doit prendre la décision de garde alternée, cette exigence se cache derrière une attitude humble, de parent aimant ses enfants, souffrant de leur absence, et garantissant des conditions de vie non contraignantes par un logement près de l’ex-conjoint(e) pour continuer à fréquenter la même école, promettant même à l’occasion de continuer à verser la pension alimentaire.
Les enfants qui vivent le drame sont en grande souffrance (comportement de mal-être avec repli sur soi, tristesse, dépression, lassitude, grande fatigue, colère, agressive, hyper activité, etc.), et régressent en redevenant fusionnels avec leur mère.
Sans tenir compte du désir profond de l’enfant la demande de garde alternée est souvent obtenue ; ce qui complique la relation conflictuelle entre les deux parents.
L’enfant doit s’exécuter, ne peut exprimer sa détresse dont les symptômes s’expriment au domicile du parent qui est ressenti comme le plus sécurisant.
L’importance de la présence des 2 parents pour l’éducation de l’enfant.est reconnue, et nécessaire et la résidence alternée s’avère payante si les 2 parents cessent leurs conflit se sont impliqué efficacement dans les tâches parentales jusqu’à la séparation, et si ceux-ci cessaient leurs conflits..
Le conflit des parents aboutit à faire preuve d’exigence, de rigidité, d’égocentrisme en ce qui concerne la garde alternée, s’appuyant sur le jugement du tribunal. Malgré le mal être que l’enfant exprime, le plus important pour le parent étant de faire appliquer la loi, et l’emploi de paroles telles que ; « c’est mon droit » ou « c’est comme ça, un point c’est tout » ne sont pas rares.
En imposant la loi ils hypothèquent la qualité de ce lien, alors qu’une progressivité va l’assurer, amenant l’enfant lui-même à demander, peut-être, une résidence alternée paritaire voire le souhait d’aller vivre chez l’un. Et dans ces cas-là, de la même façon, l’enfant doit être entendu et respecté.
Les comportements qui influent sur les relations des parents après le divorce.


Le mémoire préparé par Rhonda Freeman intitulé « Gérer les difficultés de contact : une approche axée sur l’enfant » (adressé au Ministère de la Justice du Canada) indique qu’une «… tendance prend de l’ampleur dans la documentation en vue de cerner les comportements qui influent sur les relations des parents après le divorce. Cette conceptualisation est considérée utile puisqu’elle fournit une base pour les interventions visant à améliorer les relations favorables aux enfant »

Il semble donc qu’un effort de compréhension des comportements aliénants est nécessaire afin d’aider l’enfant à vivre la relation avec l’autre parent.

Il donne aussi la liste des principaux comportements du parent aliénant observés par les chercheurs :

« souffrir de dépendance (à l’égard de l’ancien conjoint, du nouveau ou de l’enfant);
-manifester de la rigidité, ne penser qu’à soi, manquer de sens des responsabilités, manifester un niveau élevé de suspicion et de critique;
-avoir un niveau de colère élevé;
-croire qu’il est bon pour les enfants d’être élevés sans l’influence de l’autre parent;
-imposer des restrictions à l’ex-conjoint ou corriger l’éducation transmise par lui;
ne pas protéger les enfants du conflit;
-encourager les enfants à assumer leur point de vue ou les forcer à choisir entre les parents;
-amener l’enfant à se sentir coupable d’aimer l’autre parent;
-redéfinir les différences normales entre parents selon les critères de « bien » et de « mal »;
-amener l’enfant à se mêler davantage des affaires des « parents »;
-inciter l’enfant à recueillir en secret de l’information sur l’autre parent;
-à partir d’un ou deux incidents, généraliser en vue d’une évaluation plus globale;
-s’interposer dans le calendrier résidentiel de l’enfant (p. ex., par la non-disponibilité de l’enfant ou par son retour tardif);
-accroître le risque que l’enfant soit exposé au conflit et/ou à la violence;
-menacer d’accuser le conjoint ou l’accuser de sévices contre l’enfant (agression sexuelle, mauvais traitements physiques ou émotionnels);
-menacer d’enlever l’enfant ou passer aux actes »

Cet énoncé n’identifie pas le type de personnalité selon les comportements observés. Cependant on peut en dégager 2 lignes principales de comportements :
L’une se situe sur un registre de comportements rigides, interprétatif, menaçant ;
l’autre sur le registre de comportements de types abandonniques ou dépendants.

La relation d’emprise sur l’enfant n’est pas débattue dans ce mémoire, alors que dans la thèse de doctorat présentée à l’université de Lyon le22octobre 2008 (qui plaide en faveur de Gardner) nomme la relation d’emprise et les personnalités s’y afférentes.
Le syndrome d’aliénation parental de Gardner
Gardner définit le SAP par un trouble de l’enfant qui survient lors de conflits, de disputes au sujet du droit de garde. Une campagne de dénigrement est exprimée par l’enfant sans aucune justification (comportement de rejet et de haine).
Le tout combiné par une programmation (lavage de cerveau) » visant à détruire l’image de l’autre parent et la contribution de l’enfant à cette campagne de diffamation du parent cible.
A terme, l’enfant rejette ou diabolise ce parent qu’il aimait auparavant, et fait indissolublement corps avec le parent aliénant, conformément au désir de celui-ci.
Le parent aliénant cherche soit à se venger de l’autre et à restaurer son image narcissique en captant l’enfant, soit cherche à ne pas perdre l’enfant après avoir perdu son partenaire. Il crée donc avec celui-ci un bloc indissociable, dressé contre l’autre parent qui devient le « méchant », responsable de tous leurs malheurs.
En quelques mots, le SAP est un mode pervers de mettre l’enfant de son côté, de trouver un allié, de monter son enfant contre l’autre parent.
Le lavage de cerveau est subi par l’enfant de manière implicite Cette thèse de doctorat constate qu’il s’agit d’une relation d’emprise qui est liée à la puissance de la conviction. Elle soulagerait l’enfant de l’ambivalence de ses sentiments suite à la rupture, de l’anxiété qui s’ensuit et de la peur de l’abandon.
Dans le SAP, la relation d’emprise s’applique du parent aliénant sur l’enfant, mais cette emprise a des répercussion sur le parent aliéné qui se retrouve complètement dépourvu, sans aucun moyen pour changer le regard que porte l’enfant sur lui, et avoir la moindre relation avec lui

Gardner, a décrit un type de relation d’emprise intrafamiliale avec quatre critères permettent de diagnostiquer l’action du parent aliénant :
« - l’entrave à la relation et au contact;
- les fausses allégations d’abus divers,
- la réaction de peur des enfants,
- la détérioration de la relation depuis la séparation
»

Gardner évoque surtout des personnalités à tendance hystérique ou paranoïaque.
Elle cite aussi Dorey qui détermine deux types de personnalités responsables de relations d’emprise : les pervers et les obsessionnels, ainsi que. Racamier qui évoque pour sa part les pervers narcissiques

Deux types de profils de parents aliénants sont décrits dans cette thèse :

Parent surprotecteur

« Le parent surprotecteur se figurera qu’il est le seul bon » parent… »
« .. est convaincu de la nocivité potentielle de l’autre parent… »
« … atteint d’une fragilité narcissique…Ce parent aura tendance à mettre l’enfant dans un cocon pour qu’il ne lui arrive rien
».

« Le parent aliéné sera considéré comme trop autoritaire, ou trop faible, ou le nouveau conjoint ne trouvera pas grâce aux yeux du parent aliénant, bref ce dernier trouvera toujours quelque chose qui n’ira pas et qui constituera une justification suffisante de rejet… »
« Le parent aliénant se considère comme le seul bon parent, parfait, et multiplie les signes auprès de l’entourage pour être reconnu comme tel. Le modèle psychiatrique le plus proche est l’hystérie…».

La lutte contre la dépression par un comportement « extrêmement revendicateur » serait une autre motivation inconsciente possible.

Parent vengeur

« Le parent vengeur agira beaucoup plus consciemment. On peut le rapprocher de la figure du paranoïaque ou encore du pervers narcissique.

Le parent paranoïaque vit dans la peur de l’autre parent et du mal potentiel qu’il peut faire aux enfants. Il sera le premier à accuser l’autre parent de toutes sortes de sévices imaginaires, d’un comportement violent ou totalement inadapté. Il se montrera également très habile devant les tribunaux et pour rallier les anciens cercles d’amis communs à sa cause.

Le pervers narcissique est le plus redoutable. Familier des relations perverses, il utilisera les enfants pour atteindre l’autre à un degré plus ou moins fort. Son but est de détruire, et tous les moyens sont bons. Tout a commencé bien avant la séparation… »

Analyse de ces 2 énoncés sur le comportement du parent aliénant
Le mémoire et la thèse se rejoignent quant aux comportements rigides, interprétatif, menaçant. La thèse identifie la personnalité paranoïaque, obsessionnelle et le pervers narcissique responsables de relations d’emprise et cite Dorey pour ce faire ainsi que Gardner qui lui évoque des personnalités à tendance hystérique ou paranoïaque.


L’article sur « le schéma de la relation d’emprise » que j’ai publié précédemment reprend la définition de Dorey sur l’emprise et analyse la personnalité obsessionnelle, perverse et paranoïaque décrite par M F Hirigoyen dont je vous livre ici un extrait.

« Dorey définit le désir d’emprise comme « tendance très fondamentale à la neutralisation du désir d’autrui » et il distingue :
d’une part, l’emprise obsessionnelle, qui vise à annuler l’autre en tant que sujet, le détruire, l’anéantir, le traiter comme une chose contrôlable, manipulable, disposer de lui, passer du pouvoir à la possession jusqu’à ce qu’il soit totalement dessaisi de lui-même et figé dans une position de servitude complète ;
d’autre part, l’emprise perverse qui, plutôt située du côté de la séduction, cherche à dévoyer l’autre, l’utiliser sans son contentement, cherche la fusion, entretient la confusion et refuse la séparation.
HIRIGOYEN ajoute les personnalités paranoïaques. La paranoïa allie en proportion variable un caractère psychorigide à des interprétations plus ou moins délirantes à base de persécution. »

Il semble que l’on peut tomber d’accord que l’aliénation peut être le fait de ces structures de personnalités rigides qui veulent manipuler leur entourage afin d'exercer le contrôle pour le POUVOIR ABSOLU avec un sentiment de TOUTE PUISSANCE

Mais l’aliénation parentale peut être aussi le fait de personnalités de types abandonniques ou dépendants, et d’après Gardner les personnalités hystériques ou d’un parent surprotecteur, atteint d’une fragilité narcissique comme l’énonce la thèse.

Pour moi la personnalité de type abandonnique ou dépendantes se rencontrent dans les états limites ou border line, et s’inscriraient assez facilement dans ce schéma de parent aliénant.

Quant à la personnalité hystérique, je laisse le débat ouvert, et je m’en remet à vos observations et serais heureux d’en discuter..

Cependant il est vrai que la relation entre une mère et son enfant est une relation privilégiée et qu’aucun père ne pourra égaler la limite entre attachement pour l’enfant et emprise violente est ténue.
En effet, cet enfant vient du plus profond de ses entrailles. « Un amour inconditionnel se retrouve à l’origine, dans un scénario idéal, entre la mère et l’enfant qu’elle vient de mettre au monde. La mère porte sur l’enfant toute son attention, sa tendresse, sa compassion. Cet amour est sublimé par cette relation particulière où venu des entrailles de sa mère, l’enfant peut la sentir, la toucher, l’entendre, l’apercevoir, se nourrir à son sein à la fois d’un lait « nourrissant » mais aussi affectif.
Au départ, il y a un lien fusionnel, sublimal entre le bébé et sa mère. Celle-ci répond à ses besoins de nourriture, d’amour, de sécurité de façon inconditionnelle dont le but ultime est le sevrage afin que l’enfant grandissant, puisse acquérir son autonomie, sa liberté (on pourrait dire : apprendre à marcher vers sa liberté). Et qu’elle même, de mère attentive, puisse retrouver son autonomie de femme et répondre à ses propres besoins et désirs.
Pour cela, la mère doit le confronter à la réalité de la relation dans laquelle elle doit jongler entre la satisfaction de ses propres besoins, ainsi que la nécessité de le guider vers des buts prédéterminés : le voir grandir vers son indépendance. »
« L’enfant, par besoin d’amour va essayer de faire et d’être pour avoir l’approbation, la valorisation et l’amour des personnes signifiantes pour lui (père, mère ou substituts).
C’est l’acquisition d’une valorisation conditionnelle qui le conduit à sélectionner ses expériences et son comportement de façon discriminatoire afin de répondre aux valeurs des signifiants.
Il répondra aux besoins de l’autre, pas à son besoin organismique profond, c’est à dire à la satisfaction ou à l’insatisfaction globale qu’il éprouve réellement à l’égard de son expérience.
Il y a production d’un code de comportement pour se conformer aux préjugés des autres : « je dois être comme si… toujours gentil, attentionné, dur, agressif… ».
Il introjecte dans des valeurs morales et ne laisse pas l’accès à la conscience certaines expériences non conformes à ces valeurs. Il omettra de les symboliser ou les déformera de leur signification initiale. Il y aura donc clivage du moi par besoin d’amour. .Il se construit dans un concept de soi (ou une structure du moi) en accord avec le développement de sa personnalité qui est le résultat de son conditionnement psychologique. » (extraits du livre « Pratique relationnel et aide à la Personne »)


La mère a donc une relation privilégiée avec l’enfant et peut acquérir de ce fait une position de toute puissance à l’égard de celui-ci. On comprend mieux que lors de blessures narcissiques sévères, la mère peut, à travers l’affection, l’amour porté à l’enfant comme si en étant aussi proche de l’enfant elle pouvait réparer sa souffrance venue de son passé le plus lointain : son enfance. Si cette relation est trop exclusive, elle devient fusionnelle et alors s’apparente à la relation d’emprise, qui, je le rappelle exclut l’altérité de l’autre.
Pour conclure, les comportements d’aliénations existent et sont le fait prioritairement de certaines personnalités dont l’emprise sur l’enfant signe les caractéristiques des personnalités obsessionnelles, perverses et paranoïaques.
Cette emprise pervertit le lien, la relation et donc le contact.
Le deuxième type de personnalité telle que « parent surprotecteur…atteint de fragilité narcissique » ou de type abandonnique ou dépendante qui utilise l’enfant comme « un médicament » à leur mal être, ou qui peut être aussi un instrument de vengeance pour réparer leur blessure narcissique, ceux-là je les qualifierai de parents toxiques, contrairement à la mère suffisamment bon de Winnicot.
Comprendre le fonctionnement de ces personnalités permettra, je l’espère, d’agir plus efficacement dans l’intérêt supérieur de l’enfant.

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